Co-programmation avec Cyril Hugonnet et Loïc Cloez, de la géniale association À bientôt j’espère, de deux jours de cinéma documentaire et de discussions dans une ferme du Vercors, début juillet 2023 : Chercher refuge !
Ce moment est composé de deux parcours documentaires, au choix, en présence des anthropologues Michel Naepels et Adèle Blazquez.
Le zaatar ? L’épice préférée du chef Ottolhengi. L’arnica ? Un remède contre une mauvaise chute. Un grain de café ? L’annonce d’un expresso bien serré. Le pavot ? Des graines sur un petit pain doré.
Les plantes – sauvages, cultivées ou transformées – sont à la fois omniprésentes dans nos quotidiens et résolument absentes. On les utilise, on les adore, on en dépend, mais on ne sait rien d’elles, ni de leurs contextes – de maturation, d’exploitation, de production, de transport. Car oui, souvent, les plantes ont connu des ailleurs, des parcours incertains, des changements de dénominations et de catégories avant de se trouver dans nos vies.
Alors on lève le rideau, on change de point de vue, on pénètre dans l’envers du décor de l’économie globalisée et on reprend : le zaatar, l’arnica, le café et le pavot ? Des plantes politiques, à leur insu évidemment, prises au cœur de conflits et d’enjeux à la fois locaux et internationaux. Pas de rose sans épines.
Contempler une forêt morte. Et la mitrailler avec son téléphone. Vivre à quelques mètres d’un barrage qui pourrait céder. Et ne plus en dormir la nuit. Fuir son village. Et ses champs brûlés par l’ennemi. Collecter les déchets marins sur un rivage qui ne cesse de grignoter la terre. Et constituer un répertoire de la pollution plastique.
Qu’est-ce que vivre sous la menace de la destruction ? Comment recevoir la violence de la nature, elle-même détruite par les humains ? Face à la terre rendue « vaine », pour reprendre les mots du poète de la guerre et de la dévastation T. S. Eliot, face au « sec et stérile tonnerre sans nulle pluie », qui gronde mais n’offre rien, comment déjouer violence, angoisse et solitude ?
Par la révolte, certainement. Mais peut-être aussi par un art de l’attention qui fait de la nature un habitat, et non plus une ressource.