Co-programmation (et animation) d’une journée de cinéma documentaire et de discussions avec Cyril Hugonnet et Loïc Cloez, de la géniale association À bientôt j’espère, en décembre 2022 : La mort au risque du réel.
Cette journée proposait trois parcours documentaires, au choix, en présence de l’autrice et journaliste Nathalia Kloos et des photographies de Pablo Chignard.
Ne pas disparaitre
Comment meurent celles et ceux qui ont déjà souffert mille morts ? Discrètement souvent, de manière anonyme parfois. Or il n’y a pas de mort quelconque – comme il n’y a pas de vie quelconque. Un parcours documentaire pour redonner chair aux disparu·es et regarder ce qui de leur vie (et de leur mort) nous concerne intimement, nous agite peut-être, et nous transforme certainement.
Rester vivant·es
Faire mourir et laisser mourir sont des techniques de gouvernement – discrètes, volontairement passées sous silence ou assumées sans vergogne en fonction des contextes. Face à cette hiérarchisation des populations au sein d’un ordre économique, social, racial et politique précis, comment rester vivant·es ? Comment enrayer la mécanique de mort qui s’abat froidement sur certain·es, pendant que d’autres détournent le regard ou accomplissent leurs rêves d’hégémonie ? Pierre, feuille, ciseaux : la distribution des moyens est inégale, et les rapports de force pipés. Et pourtant, il arrive que la feuille étouffe la pierre, et que les ciseaux se cassent.
Tutoyer la mort
De temps à autre, la mort s’invite à nos côtés et nous avons à accompagner un.e mourant·e, membre de la famille ou ami·e proche. À d’autres moments, il s’agit de se confronter à sa propre mort. Parfois la rencontre est imprévue, trop précoce, parfois elle s’annonce, se fait plus en douceur, comme à tâtons. Comment regarde-t-on la mort en face, ou presque en face ? Qu’est-ce que fait surgir, en soi et chez les autres, l’approche de la mort ? Finitude ou continuité ? L’ensemble de ces expériences nous permettent-elles d’apprivoiser la mort au point d’être « à tu et à toi » avec elle ?
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En parallèle de cette journée, nous avions proposé une escale documentaire sur Tënk : Demain ne meurt jamais.
On peut tirer le diable par la queue, mais par quel bout attraper la mort ? Il y a mille manières d’aborder ce lieu commun, à la fois bavard et silencieux, comme le sont souvent les énigmes métaphysiques. Mille manières, donc, mais nous n’en choisirons ici qu’une seule : contournant le général, cette escale se propose d’entrer dans le sujet par le particulier, la situation, le contexte et le détail. Pas de grande théorie sur les rapports à la mort et aux mort·es, pas d’injonction thérapeutique pour bien accomplir son travail de deuil, pas d’explication extérieure plaquée sur un phénomène si complexe. À l’inverse, une description presque ethnographique de la manière dont les vivant·es côtoient la mort, composent avec elle… et meurent à leur tour. Plutôt que de se heurter, de front, à un froid monument de marbre, c’est un dialogue que nous avons choisi de mettre en avant, un dialogue entre sept films, qui commence ici, continue là, et se poursuit de l’autre côté de l’écran, dans l’intimité des spectateur·rices.
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Illustrations réalisées par Marion Jdanoff pour À bientôt j’espère.