Serre Michel (1658-1733). Marseille, musée des Beaux-Arts. BA52.

Au musée des Beaux-Arts de Marseille, se trouvent deux immenses tableaux représentant les ravages de la Grande Peste dans cette cité portuaire méditerranéenne il y a exactement trois cents ans. Réalisées sur le vif par Michel Serre, artiste affilié à la royauté, ces peintures témoignent de la tendance humaine, effroyable, qui revient à rejeter la responsabilité d’une épidémie sur les « étrangers », ces mêmes étrangers qui se voient souvent chargés d’endiguer la contagion. Par ailleurs, ces images montrent à quel point la crainte d’un effondrement du commerce mondial—associée, dans le contexte de l’époque, à l’épidémie de 1720 mais également à l’éclatement d’une bulle financière spéculant sur les opportunités du Nouveau Monde—est prégnante dans la longue histoire des pandémies. 

Publié le 30 avril sur Platform ainsi que dans le numéro 187 du journal CQFD (mai 2020). Traduit de l’anglais (US) par Julia Burtin Zortea.

Meredith Martin et Gillian Weiss

Meredith Martin, professeure associée en histoire de l’art à la New York University et Gillian Weiss, professeure associée en histoire à la Case Western Reserve University, ont publié un livre sur l’art maritime et l’esclavage en Méditerranée pendant le règne de Louis XIV. Meredith Martin est l’une des commissaires de l’exposition sur la crise financière provoquée par John Law à la New York Public Library (mars 2021).